Sais-tu qu’il est des soirs où je vogue vers toi
Espérant l’échouage à tes rives sensuelles
Et priant que le vent me révèle ta voix
Tout rêve est éternel et tout réveil cruel

Et si l’ombre nous plaît plutôt que la lumière
Irons-nous jusqu’au bout pour vivre à contre-jour
Et voiler les soleils, éteindre les chaumières
L’attente du soir est si froide sans amour

Sais-tu que la vie creuse un puits de solitude
Où tout flétrit et meurt, supplices inouïs
Dans l’obscure prison de la décrépitude
Je songe à tes yeux où l’azur s’épanouit

Dis-moi qu’il est un monde où les êtres se donnent
Des bouquets d’arc-en-ciel et des lunes de miel
Et qu’ils savent danser quand la brise fredonne
Les airs mélodieux qui bruissent dans leur ciel

Sais-tu qu’il est des jours où soudain je bascule
Sous d’autres latitudes ? Alors tes cheveux blonds
Tressent des filaments pour l’âme funambule
Qui voudrait se damner à tes lèvres bonbon

Et s’il est une aurore aux confins du chagrin
Saurons-nous l’accueillir en nous tenant la main

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