Couverture Presse Littéraire mars 2007

Le magazine littéraire, La Presse Littéraire, sous la direction de Joseph Vebret,a publié cinq de mes poèmes dans le numéro 9 de mars/avril/mai 2007. Je vous propose de nouveau les cinq textes ci-dessous en remerciant ceux -qui se reconnaîtront- qui m’ont permis de présenter une autre facette de mes écrits :

Quand

Quand tombe le soir sur les plaines du sud
Que le vent tourbillonne comme à son habitude
Mon esprit vagabonde d’exils en solitudes
Et pleure ton absence ô toi ma certitude

Quand mes pensées se perdent, s’enlisent dans la brume
Je sais que ton silence libère l’amertume
Du jour qui n’est plus qu’un souvenir posthume
Qui erre comme l’écho et que le temps consume

Quand seul je contemple le vide qui grandit
Et saigne l’avenir jusqu’à son agonie
Je vois naître et mourir au fil des insomnies
Tes rires qui souvent ont enchanté ma vie

Quand les heures se figent et que l’hiver soulève
Les tourbillons glacés qui hurlent sur la grève
Je suis l’enfant perdu que le malheur achève
Tu es le premier rêve, tu es le dernier rêve

 

Tableau

La feuille se déchire en mille confettis
Se pose en petits tas sur une table sale
Les mots ombrés et noirs n’ont pas su donner vie
A la femme qui danse sur un bris de cristal
La pièce est éclairée d’une faible lumière
Qui laisse sur les murs le vert des moisissures
Le soir est tombé gris aux humeurs de l’hiver
Dont le froid sous les tuiles est un sombre murmure
Las un homme est assis sur une chaise en bois
Il a les yeux pensifs, il regarde ses doigts
D’où coulent de grosses gouttes de sang. Il pleure
Il laisse s’échapper de ses affreuses plaies
Toutes la puanteur de ses veines gonflées
Sa jeunesse est passée, la gangrène le ronge

Je suis

Je suis un cimetière livide comme le présent
Je suis une croix de bois plantée dans l’avenir
Un jeune vaisseau fantôme qui gicle sous les houles
Du port d’où je viens il n’y a aucun secret
Du port que je fuis je suis médiocrité
Guidés par le néant des phares ou des étoiles
Mes jours sont des lunes rondes et invisibles
Et dans ce grand tombeau que cache mon poitrail
Mon âme sous les vents n’est qu’un épouvantail


Dis-moi

Dis-moi que tu connais les monts de l’Au-delà
Pour y échouer nos rêves à l’heure du trépas
Quand nos cœurs maladroits de tant d’incertitudes
Finissent leur errance au cœur de la Quiétude
Montre-moi le chemin menant à la vieille ville
Dont les jardins fertiles s’embrasent aux confluents
Des grands fleuves de vie où les premiers amants
Des aubes immaculées vécurent leur idylle
Les jours me rapprochent du dernier crépuscule
Ma joie et mon espoir légers comme une bulle
Montent vers ce ciel où l’ombre est la lumière
Où l’âme intemporelle se recueille en prières
L’amour renaîtra pour bercer d’autres hommes
Aussi libres que le vent dont les baisers fantômes
Ont caressé mes sens aux désirs infinis
Et changé mes chimères en douces symphonies
Ne sens-tu pas en moi la flamme qui s’éteint
Nuage de coton n’y a-t-il point d’étoiles
Pour éclairer mes pas aux portes du Jardin
L’immensité est là dans la paix sidérale
Que la nuit terrestre nourrie de noirs desseins
Laisse de mon passage un souffle qui rappelle
La brise du matin sifflant dans les ruelles
Emperlées de rosée, poussières du destin
Alors que je m’éveille à l’aurore inconnue
La voix harmonieuse de la muse aux pieds nus
Est un chant égérique aussi beau qu’angélique
Qui berce mes visions de musiques oniriques
Alors que le sommeil fait naître le grand frisson
Déjà je m’évapore en des bouffées d’ivresse
Et pour sceller l’adieu, courte respiration
Je pose sur tes lèvres un peu de joie céleste

 

Perdu sans point d’appui

Perdu sans point d’appui un blême souvenir
Esquisse un grain d’espoir sur un vaste néant
O pâle nuit d’été que je ne puis saisir
Qu’en une demi-lune où montent mes tourments
Reflets de mon ennui des yeux rougis de haine
Posé sur ce grand ciel. En le vide éthylique
Une lueur d’étoiles en guise de relique
Que Bacchus enivra pour l’oubli d’une reine
Des longues nuits d’absinthe aux verres du chagrin
Des vagues de fumée dansent silencieuses
Puis meurent dans l’éther dès qu’on tend une main
Tout ivre qu’est mon âme d’amères vérités
Je veux rentrer à l’aube et je veux oublier
Je suis né, je suis mort : la vie est une gueuse

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