Depuis l’avènement de la société de consommation de masse placée au centre du libéralisme voire de l’ultra libéralisme, l’individu a fait de l’argent un dieu qu’il vénère au nom de la réussite économique et sociale. Il a ainsi peu à peu choisi son mode de vie : la consommation de masse puis l’hyperconsommation associées au repli sur soi (cocooning) qui a débouché sur l’individualisme exacerbé.

Mais l’entrée dans le XXIe siècle semble aussi une prise de conscience que l’argent ne saurait mener le monde. Une nouvelle conception de la vie se fait jour, l’individu s’ouvrant de nouveau à son environnement proche et lointain, aux autres et préférant une façon de consommer plus équitable. C’est ce que Françoise Bonnal, sociologue et experte des marques, appelle la réalliance.

La réalliance serait ainsi un nouveau mode de vie plus ouvert dans lequel l’individu prend conscience qu’il fait partie du grand tout. La matérialisme et l’égoïsme ne peuvent que conduire dans une impasse. L’actualité n’a eu de cesse de le montrer : marchés financiers en crises répétées, épuisement des ressources naturelles, réchauffement du climat, désertification des sols, catastrophes naturelles de plus grande ampleur, augmentation de la pollution liée à la surconsommation de biens…

Françoise Bonnal définit la réalliance comme un regard plus profond de l’individu sur lui-même mais aussi sur l’extérieur, "vers un collectif démultiplié" qui comprend non seulement les autres individus mais aussi les animaux, la nature, la planète, l’univers. Il y aurait ainsi un passage du "moi-je" au "nous" après la redécouverte de soi par introspection.

Travail, consommation et habitat : trois secteurs qui se transforment avec la réalliance

Dans le travail, la réalliance se traduit par l’interdépendance, l’échange et la collaboration plutôt que dans le rapport dominant-dominé ou fusionnel. Le travail ne serait ainsi plus perçu uniquement comme un moyen d’ascension et de réussite sociales mais comme une façon d’être utile aux autres. D’où l’engagement accru des individus actifs dans les causes humanitaires et sociales et l’essor sur le net de blogs pour partager des expériences et apporter de l’aide aux autres. Internet pourrait bien devenir un extraordinaire lieu de partage véritable.

Dans la consommation, les tendances sont à la modération et à des choix plus responsables. L’individu n’est plus un consommateur mais un consommacteur qui s’intéresse à l’impact écologique, économique et social lorsqu’il achète un produit. Il est moins impulsif, mûrit ses choix en s’interrogeant sur la nécessité de l’acquisition. Il revient à une consommation plus naturelle privilégiant le bio, les petits producteurs, le commerce éthique et équitable et se lance dans le troc, le don et le recyclage pour en finir avec le gaspillage.

"L’individu réalliance" serait aussi conscient de l’importance de vivre autrement pour mieux préserver la planète. Les constructions tendent désormais à mieux s’implanter dans l’environnement, à privilégier les énergies renouvelables et l’éclairement naturel. Les choix d’appareils basse consommation et/ou de véhicules moins polluants seraient aussi au cœur de cette réouverture au monde.

La réalliance pourrait aussi s’apprécier dans d’autres domaines comme les sciences. Nous avons assisté ces dernières années à une évolution de la médecine qui tient de plus en plus compte de l’esprit pour soigner le corps. Les chercheurs ne sont plus réticents à envisager la vie extraterrestre, certains affirmant même que d’autres planètes similaires à la Terre pourraient être découvertes dans peu de temps.

Certains soutiennent déjà que la réalliance est une nouvelle philosophie de vie qui apparaît avec la désacralisation du travail et la chute du modèle ultra libéral. Mais nombreux sont les philosophes et penseurs qui partout dans le monde soulignent depuis déjà longtemps que nous vivons à un rythme infernal qui nous fait occulter l’essentiel au nom du matérialisme !

À lire, "La réalliance. Il y a une suite à notre société individualiste" de Françoise Bonnal, Payot , Paris collection Essais

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3 commentaires

  1. Il parait que c’est en étant au pied du mur qu’on voit le mur, l’homme a toujours s’arreter même juste a temps pour éviter le pire… cette entrée dans le troisième millénaire marque une nouvelle phase dans ce monde en ébullition, il faut espérer ce sursaut qui permettra de basculer dans autre chose, sans quoi c’est perdu…

    j’aime beaucoup ce texte, la deuxième partie surtout !

  2. Hélas la prise de conscience est très lente… L’état du monde incite à être pessimiste… pardon réaliste. Merci de ta visite Milla.

  3. Bon article qui résume ma façon d’envisager les choses. Je suis souvent raillé pour ces raisons d’ailleurs, mais je m’en fous! N’existe-t-il pas un site pour les adeptes de cette nouvelle façon de voir le monde?

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